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Nous arrivons dans Salagnon, village situé près de Bourgoin-Jallieu dans le Nord Isère. C’est dans le foyer communal de ce tranquille petit patelin que va être livré un pur concentré de Metal Hardcore qui va littéralement nous mettre une gigantesque baffe. C’est l’association Non Mais Non, en partenariat avec Jaspir, Smicarts et La Tomme, la responsable de l’Apocalypse dont votre serviteur va être le témoin. Oui je parle bien de l’Apocalypse et je pèse mes mots. Car si de charmants prophètes et intellectuels l’ont prédit pour le 21 décembre prochain, je vous garantis qu’ils se sont bien plantés. C’est pour ce soir !

Le décor est planté avec de magnifiques toiles peintes par Raf accrochées sur les murs de la salle. Il dépeint un univers de science-fiction mâtinée de style bioméca et de fantasy dont quelques clins d’œil n’échapperont pas aux connaisseurs de Lewis Carroll ou encore H.R. Giger. Un beau voyage visuel.

Home Taping

Le premier groupe, Home Taping, s’installe sur la petite scène (la salle comporte deux scènes pour faciliter l’enchaînement des sets) et à la charge d’ouvrir le feu. Ou plutôt l’incendie ! Une très courte intro durant laquelle Joss, le chanteur, présente son groupe en ces termes : « Home Taping, c’est d’la merde !!! » et les riffs assassins nous mettent directement dans l’ambiance.  Une ambiance punk, très punk ou plutôt « punk n’ zob » pour reprendre fidèlement la description officielle du groupe. C’est bourrin, entraînant, enragé et direct. L’état d’esprit du groupe peut se résumer en un mot : ANARCHIE !!! Les musiciens se donnent tous à fond et prennent plaisir à nous éclater les tympans. Pas de chichis, ils jouent simple mais très efficace. Les paroles aussi sont fédératrices car Home Taping défend le gars lambda qui bosse 50 heures par semaine pour gagner une misère. Nous, en revanche, nous avons gagné le droit d’avoir une excellente ouverture de concert. Mais la soirée ne fait que commencer…

Setlist Home Taping:

  • Homo Liberalus
  • Mort d’homme
  • Rien lâcher
  • En campagne
  • JDM
  • Fauché
  • Rose
  • Jack
  • Honte à toi
  • Hostile asile
  • Crise pour tous
  • Perlimpinpin

 

 

 

 

All Of You Down

All Of You Down monte sur la scène principale et après une courte intro, entame son set avec « Not Loose My Way ». Ce groupe originaire de la région lyonnaise joue un Hardcore Oldschool typé New-Yorkais débordant d’énergie. Pas un seul temps mort, les titres s’enchaînent ou plutôt les perles car leurs compositions sont inventives et dégoulinent de hargne. Ils sont là pour tout donner et ça s’entend. Le son et l’interprétation sont impeccables. La voix aiguë de François s’associe parfaitement avec le jeu plus grave des guitaristes Guillaume et Julien, ajoutant un sentiment de rage aux compos. Vers la moitié du set, AOYD nous offre un instrumental salvateur. Ce titre, plus lent que les autres, fait office de pause autant pour le groupe que pour le public qui commence à bien s’exciter dans la fosse. Le morceau suivant, « Ta Gueule » remet le paquet et le concert se terminera par « Violence » chanté en duo avec Joss de Home Taping. Le public adore, adhère et applaudit ce groupe talentueux qu’on prendra plaisir à revoir.

Setlist AOYD :

  • Intro
  • Not Loose My Way
  • Fullfill
  • Deal Of Death
  • All Of You Down
  • Free Violence
  • Die For Them
  • Memories
  • Instrumental
  • Ta Gueule
  • 90 Min Of Battle
  • Fuck
  • I Don’t Believe
  • Pure Selfish
  • Old School
  • Violence (avec Joss)

                                                               

 

 

 

 

LoGre

Après ces deux déflagrations sonores, il fallait un interlude pour souffler un peu. LoGre va s’en charger en nous faisant vivre une expérience… particulière. Le public ainsi que votre serviteur est surpris de voir s’installer un trio vêtu de combinaisons blanches, semblables à celles utilisées pour éviter une contamination en cas d’infection virale dans un laboratoire médical. La surprise vient surtout de la musique jouée par ce trio, ou plus exactement de la musique jouée par les deux bassistes car le troisième membre restera immobile comme une statue, les bras croisées en fixant le public durant tout le set. Il porte sur son visage un masque rappelant les extraterrestres de la série X-Files. Quant aux visages des bassistes, ils sont cachés par des cagoules blanches tachées. Sur le fond de la scène est diffusé de nombreuses images glauques et malsaines comme des cadavres d’enfants, des villes détruites par la guerre, des révoltes et autres scènes dérangeantes tirées de films d’horreur de série Z. Dans ce « petit théâtre des horreurs », les deux bassistes interprètent des compositions expérimentales, très progressives voire psychédéliques et même électros sur fond de boîte à rythmes et de citations étranges extraites de films. Les musiciens usent de nombreux effets sur leurs instruments pour donner une ambiance pesante à leur musique. Il faut reconnaître qu’ils sont particulièrement bons techniquement, leurs morceaux sont originaux, très travaillés et une fois passé ce sentiment de « malaise », on finit par rentrer dans leur musique qui semble être un voyage de l’esprit. Ils iront même jusqu’à reprendre la musique du célèbre jeu Tétris, mais d’une façon franchement originale. C’est bon de voir de vraies expérimentations, surtout avec cet instrument souvent relégué au rang d’accompagnateur. Je vous invite vivement à les écouter sur leur myspace pour vous faire une idée. Une bonne surprise en tous cas !

                                                                

                                                                                                                                                    

 

 

 

Coredump

Un des deux groupes pour lequel le public s’est déplacé ce soir prend place sur la grande scène. CoredumP entre en jeu et déboîte direct avec son Hardcore n’ Roll métallique. Le programme du concert décrit le groupe comme suit : « un condensé de testostérone nourri aux stéroïdes ». On a souvent l’habitude de nous moquer de la publicité mais là, c’est tout sauf une publicité mensongère. C’est un avertissement pour nous prévenir d’une furie sonore et scénique ! Chaque membre nous envoie un uppercut en pleine figure à chaque chanson. En premier Max, le chanteur qui met énormément de conviction dans ses paroles. Les circle pits et autres joyeux pogos naissent inlassablement dans la fosse et dévastent tout ! Et vous savez quoi ? Le groupe lui-même va inviter le public à faire la même chose… sur scène ! Mon collègue Mike (directeur de publication de Sons Of Metal) ira également se joindre à eux pour de longues minutes de chaos scénique. En plus du public, les membres de All Of You Down se ramènent sur scène pour un bon moment de délire. On est entre potes et ça se sent ! Pour mettre le foutoir, CoredumP à l’air de savoir y faire. Mais ce n’est pas leur seule qualité puisqu’ils jouent aussi très bien. Les compositions sont très énergiques et bien travaillées. Chaque titre est une invitation au défoulement. La dernière carte abattue est celle de la reprise du terrible « Ace Of Spades » de Motörhead. Étant un grand fan de la bande à Monsieur Lemmy Kilmister, je dois vous avouer que la version Hardcore de CoredumP passe très bien. Ils ont réussi à l’adapter à ce style de Metal avec brio mais sans égaler la tuerie de l’original, ce qui de n’est pas le but ici car il s’agit avant tout de finir en beauté un concert à 200 à l’heure. C’est d’ailleurs ce titre qui va provoquer les slams les plus barges de la soirée ! Le temps passe hélas trop vite mais on a passé un excellent moment. Une vraie tuerie !

                                    

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                          Black Bomb A

Voilà, nous y sommes. Home Taping et All Of You Down avaient déjà bien chauffés la salle, LoGre nous avait permis de reprendre des forces avant CoredumP qui nous a mis une bonne claque. Mais là, ça y est. Les Parisiens de Black Bomb A arrivent et vont nous mettre K.O. Un vrai K.O. La promotion de leur nouvel album, Enemies Of The State va nous permettre d’écouter quelques pépites comme « Come on down », « We don’t Care », « Pedal to the Metal » et « Fear ». Bien sûr les classiques ne sont pas oubliés comme le puissant « Mary », extrait de l’album Speech Of Freedom. Ça commence très fort avec « Pedal to the Metal » et nous pouvons admirer la fougue et les capacités vocales du nouveau chanteur, l’écossais Shauny Davidson. Ce dernier se met en quatre pour son public français, tout comme les autres membres, du reste. Poun, l’autre chanteur (et seul rescapé du line-up original) est lui aussi dans une grande forme et n’aura de cesse d’encourager le public à tout donner sur les chansons. Le son est énorme avec le jeu de guitare de Snake et le matraquage en règle d’Hervé Coquerel (Loudblast) à la batterie qui va provoquer des headbanging à s’en briser les cervicales. La cohésion du groupe est très forte et chaque membre pousse le niveau toujours plus haut. Shauny et Poun vont soulever la fosse avec « We don’t Care ». Après tout ils ont raison : on s’en fout de tout, nous sommes là pour nous éclater, point barre. Le grand moment arrive avec « Mary ». Le Hit de Black Bomb. Le public chante en osmose parfaite avec le groupe. Si la différence est flagrante entre les voix de Djag ou Arno (plus grave) et celle de Shauny (plus aiguë mais capable de monter plus haut dans les notes), force est d’admettre que ce dernier s’en sort très bien. Une rythmique d’enfer est servie par le jeu de batterie d’Hervé qui nous envoie des blasts à tout va. Jacou nous démontre ses talents de bassiste et sa maîtrise du slap durant « No Way », encore une fois prétexte à d’énormes mosh dans la fosse. Comme durant le set de CoredumP, les spectateurs, pogoteurs et slammeurs notoires sont invités à monter sur scène pour partager les coups. Mike ne résiste pas aux sirènes de Poun et remonte sur scène. C’est que chez Sons Of Metal on recule devant rien ! Poun grimpe sur les enceintes et s’époumone tant que faire se peut. Snake (guitare) nous sert et ressert des riffs meurtriers pendant que Shauny chante en duo avec une charmante demoiselle attrapée au passage. Ce gigantesque défouloir touche à sa fin avec « Tales Frome The Old School » interprétée avec les potos de CoredumP et All Of You Down. Max (CoredumP) et François (All Of You Down) réaliseront des jumps incessants pendant que Joss (Home Taping) s’élance depuis la scène pour un superbe slam (il en ressortira bien vivant et en sueur). Ce cross-over est une véritable fête entre potes. Le dernier morceau est une grosse surprise car c’est un final dubstep ! Les métalleux, aussi bien sur scène que dans le public prouvent leur ouverture d’esprit en s’éclatant sur ce style pourtant à l’opposé du Hardcore. Ces musiciens géniaux et généreux n’ont pas failli à leur réputation. Ils ont tout donné. Absolument tout. C’est complètement épuisés qu’ils nous remercient chaleureusement pour notre accueil, glissent un élogieux compliment aux associations organisatrices et nous quittent en nous laissant dans un état de fatigue et de bonheur. Oui l’Apocalypse a bien eu lieu, a tout dévasté comme prévu mais nous a laissé des étoiles plein les yeux.

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                              Le temps  d’une dernière photo de famille avec tous les groupes réunis et les organisateurs puis les musiciens descendent de scène. Plusieurs d’entre eux iront parler avec les fans pendant plusieurs minutes. Mike et moi-même auront la chance d’aller en backstage discuter avec les CoredumP et Shauny Davidson qui remporte sans contestation possible le Grand  Prix du Fêtard. Ces musicos sont généreux, humbles et disponibles et ça c’est vraiment génial. Il est temps de les laisser se reposer et nous repartons avec de beaux souvenirs et le sentiment qu’on a vécu un truc de dingue.

Nos remerciements métalliques à Non Mais Non qui a organisé une superbe soirée, à Jaspir, Smicarts et La Tomme pour la logistique et leur personnel dévoué. Et bien sûr un grand merci à tous les groupes pour ce festival de sons tranchants et cette Apocalypse.

Je vous conseille vivement d’aller voir ces groupes ou de les revoir sans modération.

Kouni